• Chapitre 02

    CHAPITRE 02 : «Je n'y crois pas»

    (J'ai froid... j'ai froid... je suis glacée... qu'est-ce qu'il se passe... ?)

    -Une voix de femme : Vous êtes sûrs que c'est une bonne idée, de faire ça ?

    (.... ?)

    -Une voix d'homme : C'est le seul moyen de la sauver. Injectez lui le sang !

    (Sauver qui ?)

    -La voix de femme : Il pourrait y avoir des tas d'effets secondaires... ça pourrait ne pas la sauver !

    (Est-ce que je suis en train de rêver ?)

    -La voix d'homme : Faîtes ce que je dis ! Injectez-lui le sang !

    (Je suis morte, n'est-ce pas ?)

     

    ...

    ...

    ...

     

    Dans une chambre d'hôpital, une jeune fille est allongée sur le lit, avec un masque respiratoire, et des tas de tubes reliant son corps à une machine. Deux autres filles sont assises à côté du lit, sur des fauteuils. 

    -Kaori, dépitée : Sawa... réveille-toi...

    -Sui : ...

    (... je suis ... vivante ?)

    La collégienne ouvre doucement les yeux. La première chose qu'elle voit, c'est du blanc. Un blanc qu'elle ne reconnaît que trop bien, puisqu'il s'agit d'une chambre d'hôpital, dans une desquelles elle a toujours eu l'habitude de vivre.

    -Kaori, paniquée : Elle... elle s'est réveillée, Sui ! Elle s'est réveillée !!!

    -Sui, soulagée : Sawa !! Dieu soit loué... !

    A travers son masque respiratoire, la jeune fille tente tant bien que mal de parler.

    -Sawa : Les... filles...

    Kaori appuit sur le bouton servant à appeler les infirmières.

    -Sawa : Depuis... quand... ?

    -Sui : Tu es encore faible, Sawa... ne t'inquiète pas, tout va bien ! Les médecins disent que tu n'as rien de grave !

    (J'ai mal partout... je ne me souviens de rien. Est-ce que c'est mon coeur qui s'est affaibli ? Je sais bien que ma vie ne tient qu'à un fil depuis toujours, après tout)

    Une infirmière arrive dans la chambre, accompagnée du médecin de la jeune fille.

    -Le docteur : Je suis content de te voir réveillée, Sawa. Il s'adresse à l'infirmière. Son état s'est stabilisé, alors enlevons lui son masque.

    -L'infimière : Oui, monsieur.

    Le masque respiratoire de la jeune fille est enlevé, et l'infirmière l'aide à se redresser.

    -Kaori, nerveuse : Hum... elle est hors de danger, n'est-ce pas ?

    -Le docteur : Oui. Elle doit seulement reprendre l'habitude de marcher et d'utiliser à nouveau ses membres, après une aussi longue période d'inactivité.

    -Sawa, encore un peu endormie : Depuis combien de temps... ? Que s'est-il passé, au juste ? C'est mon coeur ?

    -Sui, hésitante : On peut lui dire, docteur... ?

    -Sawa : Me dire quoi ...?

    -Sui, attendant sa réponse : Eh bien... Le docteur hoche la tête. Sawa.. ça fait 1 an.. 1 an que tu es dans le coma.

    A ce moment là, Sawa croit tomber dans le vide, et s'écraser. Sa tête se met à tourner, et elle ose à peine produire un son.

    -Le docteur : Tu as eu un léger accident, et ton coeur n'a pas pu le supporter sur le coup. Mais il a été résistant ! Tu vas être en rééducation pour réapprendre à marcher et vivre. D'ici un ou deux mois, tu pourras entrer au lycée, et vivre normalement. Il s'apprête à partir avec l'infirmière. Les filles, je compte sur vous pour l'aider à se rétablir ! Ils partent.

    -Sui : Évidemment !! Comme on est censées être dans le même lycée, j'ai pris tous les cours pour toi !

    -Kaori : Je suis dans un lycée privé un peu éloigné, donc je ne pourrais pas faire grand chose... mais je tenterais de passer souvent ! En plus c'est les vacances d'été...

    (Les vacances d'été. 1 an. C'est comme si mon coma n'avait duré que quelques jours dans ma tête. Il y a 1 an, que s'est il passé ? Mon coeur a failli lâcher, mais... j'ai la sensation qu'il y a plus que ça. J'ai la sensation d'oublier quelque chose de bien plus important. Il y a eu autre chose ! J'en ai encore mal partout ! Mais... quoi ?)


    -Sui : Sawa ?

    -Sawa : Ah, oui. Merci les filles.. vraiment. Je suis désolée pour tous les problèmes que je vous apporte...

    (A cause de ce stupide coeur faible)

    -Sui : Mais non, t'inquiète pas ! Tu seras tellement contente quand tu verras les uniformes de Koto ! Ils sont graaaaves cool !

    (J'aurais déjà dû les voir. J'aurais déjà dû les porter. J'aurais déjà dû être lycéenne)

    -Kaori : On pourra passer beaucoup de temps ensemble, je n'ai rien prévu pour ces vacances d'été !

    (Sur deux vacances d'été, je n'en passe qu'une seule, et pour faire quoi ? Pour apprendre à marcher... !)

    -Sui, inquiète : Sawa, tu es sûre que ça va ? Tu as l'air un peu... enfin, je suppose que c'est normal...

    -Kaori : Tu veux qu'on te laisse un peu ?

    -Sawa, reprenant conscience : ... je suis désolée. Je vous avoue que j'aimerais être un peu seule pour le moment. Je... j'ai encore du mal à y croire.

    -Sui : Oui, le contraire aurait été surprenant ! Je te laisse tes cours ici, si jamais tu as envie de réviser pour ta rentrée. Tu as ton portable, pas vrai ? N'hésite pas si tu as besoin de parler, on viendra rapidement !

    -Kaori : Oui, on te connaît, tu es du genre à ne pas vouloir embêter les autres... mais tu ne nous embêtes pas du tout !!! D'accord ?

    (Elles sont des amies vraiment exceptionnelles...)

    -Sawa : Merci. Je vous appelerais très vite !

    Les deux lycéennes partent, et referment doucement la porte derrière elles. Sawa est maintenant seule dans son lit d'hôpital, déjà plongée dans ses réflexions. Elle décide de se mettre un peu debout. Elle met de côté sa couverture, et commence à s'asseoir sur le lit. Sa tête se met à tourner légèrement. 1 an passé allongée laisse des marques, c'est bien normal.
    Se sentant mieux pour la prochaine étape, elle pose un pied sur le sol, puis l'autre. C'est froid. Elle frissonne. Cela faisait 1 an qu'elle n'avait pas senti le froid du sol sous ses pieds nus.

    Frustrée et en colère contre le temps, elle décide de marcher comme elle l'a toujours fait. Comme si 1 an pouvait changer tant de choses concernant son propre corps ! Elle prend de l'élan avec l'appui du bord de son lit, et décide de se lever d'un seul coup et de marcher.

    Elle fait 3 ou 4 petits pas maladroits, avant de perdre l'équilibre, et de tomber au sol en arrière.

    -Sawa, frustrée : C'est une blague !

    Elle se relève, se remet à marcher, et retombe. Elle serre les dents, et répète la même chose. Elle se mord les lèvres de frustration, et au fur et à mesure qu'elle répète ces actions, des larmes commencent à couler sur ses joues, tandis qu'elle est assise au sol, dans un coin de la chambre.

    (Je n'y crois pas. Je n'y crois pas. Je n'y crois pas. Je n'y crois pas ! JE N'Y CROIS PAS !)

    Elle essuie ses larmes avec son bras.

    (J'en suis certaine. Ce n'est pas seulement mon coeur qui a lâché. Et même si c'était le cas, quel «accident» a causé ça ? Était-il seulement aussi petit que le docteur l'a dit ?)

    Elle regarda la paume de ses mains, et les appuya sur son coeur, l'une sur l'autre.

    (C'est étrange. J'entends les battements de mon coeur différemment. Le docteur me l'aurait dit si j'avais eu une greffe cardiaque, pas vrai ? Non, j'ai bien le sentiment qu'il s'agit toujours de mon coeur, mais quelque chose cloche ! Et ça me rend folle de ne pas savoir quoi !)

    Elle se passe les mains sur le cou, l'abdomen, et ses jambes.

    (Ces endroits me font atrocement mal, de temps en temps. C'est comme si je recevais un choc électrique à ces parties toutes les deux minutes. Je me suis faite renverser par une voiture, ou quelque chose comme ça, peut-être... ? Je dois demander les détails aux médecins !)

    Décidée, elle se relève en prenant appui sur le mur. Elle se déplace à travers la chambre jusqu'à la porte, en s'attachant à toutes les choses proches qu'elle peut trouver. Elle l'ouvre, et se rend dans le couloir.

    Personne.

    C'est étrange, car il n'est que l'après-midi, et à cette heure-ci, il y a beaucoup de visites et d'infirmères qui passent dans ce couloir. Elle se dirige alors prudemment vers le bureau le plus proche, celui de son docteur, à l'autre bout du couloir. Elle toque doucement, et elle entend un petit «entrez». Ce qu'elle fait.

    -Le docteur, se levant en panique : Sawa ! Qu'est-ce que tu fais debout ? Tu dois te reposer, toi et tes jambes...

    -Sawa, sarcastique : Je pense que je me suis suffisamment reposer...

    -Le docteur, s'approchant d'elle : Tes jambes ont du mal à s'adapter à la gravité, et à tenir debout. Tu as besoin de faire ça doucement et progressivement.

    -Sawa, impatiente : Docteur, je veux... je veux savoir ce qu'il s'est passé, très concrètement. Je me réveille, et on m'apprends que ça fait 1 an que je dors. Je veux savoir de quel genre d'accident j'ai été victime !

    Le docteur soupire doucement, avant de regarder sa patiente dans les yeux.

    -Le docteur : Tu t'es faite renverser par une voiture, sur le chemin du retour à l'hôpital.

    (C'est donc ça... ?)

    -Le docteur : Tu dois être désorientée, et c'est tout à fait normal que tu veuilles connaître la raison de ton coma. Sois forte, d'accord ? Ton coeur n'aura plus de problèmes.

    -Sawa : Comment ça... ?

    -Le docteur : Tu es guérie, Sawa ! Après tes 2 mois de réeducation, tu pourras vivre normalement. Tu pourras enfin courir !

    -Sawa : ... c'est vrai ? J'ai eu une greffe cardiaque, alors ?

    -Le docteur, se mettant dos à Sawa : Pas tout à fait... tu es juste guérie. C'est le principal.

    La conversation se termine sur ces mots, et la jeune fille fut raccompagnée à sa chambre par une infirmière. Elle n'était pas totalement convaincue par les paroles du docteur.

    La nuit tombe, et il s'agit de la première vraie nuit de Sawa, en 1 an.

    Une nuit... étrange.


    La jeune fille se retrouve dans une ruelle, pas loin de l'hôpital.

    Elle est allongée, les yeux grands ouverts, sur le sol sale.

    Il y a un grand soleil au dessus, mais elle a froid.

    Elle ne sent absolument plus rien.

    Elle ne respire même pas.

    Elle ne bouge pas.

    Tu es morte.

     

    -Sawa, se réveillant en sursaut : AAH !

    Le matin est là. Tandis que la jeune fille vient de se réveiller en sursaut, une infirmière toque et entre, en lui apportant le petit déjeuner. Sawa se met soudainement à sourire.

    -Sawa : Koyaku-san !

    -Mary, dirigeant la table roulante au dessus du lit : Coucou, Sawa ! Tu as faim ?

    -Sawa : Oui, je meurs de faim...

    -Mary : Quand j'ai appris que tu t'étais réveillée, hier, j'étais contente ! J'avais envie de venir te voir, mais le docteur me l'a interdit. Tu venais de te réveiller, après tout !

    -Sawa, se rappelant du couloir vide d'hier : D'ailleurs... il y avait quelque chose, hier ? Le couloir était vide.

    -Mary : Eh bien, tu es dans un service un peu particulier... il n'y a que toi, ici.

    -Sawa : Quel service ?

    -Mary : C'est un nouveau service assez spécial. Je ne sais rien à propos de ça, à vrai dire...

    La jeune fille se demande alors de quel genre de service il peut bien s'agir. Elle décide néanmoins de demander autre chose.

    -Sawa : Dis, Koyaku-san... tu sais ce qu'il s'est passé ? L'accident que j'ai eu ?

    -Mary, hésitante : Hum... c'est... un accident de voiture, non ?

    -Sawa, inquiète : ... Koyaku-san ?

    -Mary : Je suis désolée. Le docteur m'a demandé de répondre ceci, si tu me posais la question. Je... j'ai entendu parler d'autre chose, cependant. Il y a une rumeur qui circulait, mais je ne pense pas que ça ait un rapport avec toi. C'est impossible, en tout cas !
    -Sawa : Quelle rumeur ?

    -Mary : Eh bien, on raconte qu'il y avait eu un meurtre, pas loin de l'hôpital. De la part d'un Sanguinaire, évidemment... une femme est décédée. Mais l'un des ambulanciers à dit à une infirmière qu'il y avait eu une deuxième victime, une collégienne, qui est également décédée. Elle serait celle qui avait appelée de l'aide après avoir trouvé le corps de la femme. C'est une rumeur qui circulait entre les infirmières...

    -Sawa, mal à l'aise : C'est étrange de ne pas savoir s'il y avait une ou deux victimes, non ?

    -Mary, doucement : Ton docteur... le docteur Fubuki... a peut être caché la vérité aux yeux des autres. Il y a quelque chose de bizarre chez lui. Je ne lui fais pas vraiment confiance.

    -Sawa : Tu.. crois ? Il a toujours été mon docteur... pourquoi cacherait-il quelque chose d'aussi horrible ?

    -Mary : Je peux faire des recherches si tu veux.

    -Sawa : C'est vrai ? Mais Koyaku-san, tu ne vas pas avoir des problèmes... ?

    -Mary : Tu veux savoir ce qu'il t'est arrivé, n'est-ce pas ? Si j'étais à ta place, je serais pareille. Si le docteur Fubuki m'a dit de te dire que tu as été renversée par une voiture, c'est que ce n'est pas la vraie cause de ton coma. Qu'en dis-tu ?

    -Sawa, soupire : En fait, je suis vraiment soulagée. Je pensais que j'étais devenue parano... dans ce cas, j'accepte ton aide !

    -Mary : Parfait. Je ferais mes recherches, et je demanderais également plus de détails auprès de l'un des ambulanciers.

    C'est ainsi qu'une enquête dangereuse débuta.


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