• CHAPITRE 01 : «Je veux mourir»

    Chapitre 01

     A Tokyo, les jours ensoleillés se font plus long et plus profitables. L'été est finalement là, et pour les étudiants, les vacances sont de plus en plus proche.

     La pause déjeuner a commencé, et nous nous concentrons sur une jeune fille souriante aux longs cheveux noirs appelée Sawa, accompagnée par deux autres filles ; Kaori, celle avec de beaux cheveux roux, et Sui, celle avec des cheveux marrons, à la coupe carré. Elles se dirigent vers des bancs extérieurs, au soleil.

    -Sui, en s'étirant : Alors ? Vous comptez faire quoi pendant ces vacances d'été ?

    -Kaori, en s'installant sur le banc : Je pars à Nagoya, voir de la famille ! Là-bas, les festivals sont incroyablement beaux !

    -Sawa, en commençant à manger son sandwich : La chance... je ne peux partir nulle part ! J'ai pleins d'examens à faire, alors je dois rester à l'hopital !

    -Sui : Ils sont pas cools ! Ils pourraient te laisser profiter un peu de tes vacances ! 

    -Sawa, en souriant : C'est bon ! C'est pas si grave ! Je n'ai de la famille nulle part, alors je ne peux que rester ici. Et puis, je ne me lasse jamais de Tokyo ! En plus ma chambre d'hopital est en hauteur, alors la vue est magnifique !

    -Kaori : Sawa, alias la fille la plus heureuse du monde à vivre dans un hopital !

    -Sui : On la reconnaît bien là, notre Sawa !

    -Sawa : Héhé ! C'est mieux que de déprimer, non ? Et toi, Sui ?

    -Sui : Ah, moi ! Cet été, je surf !

    -Kaori : Eeeeh, trop cool !

     La pause déjeuner se termine, et les étudiants retournent en cours. Le soleil tape fort, il fait chaud, et tout le monde ne peut s'empêcher de fabriquer des éventails avec des feuilles de papier, ou de se servir de leur cahier comme tels. Le dernier cours de la journée se termine, et les élèves se dépêchent d'aller à leur club, ou de rentrer chez eux.

    -Kaori, se séparant de ses amies : Je vais à mon club de tir à l'arc ! A demain, Sui-chan, Sawa-chan !

    -Sui : Salut ! 

    -Sawa : Décoche bien tes flèches !

     Les deux collégiennes font un bout de chemin ensemble, en discutant de choses dont elles n'avaient pas l'habitude de parler.

    -Sui : Bientôt le lycée, hein... où tu comptes aller, Sawa ?

    -Sawa : Le lycée public Koto. C'est le plus proche de l'hôpital, alors...

    -Sui : Super ! Je vais à Koto aussi ! Ils ont une option qui permet de se préparer aux cours de défense de l'université !

    -Sawa : Ahh, tu en as déjà parlé ! Tu veux devenir une exécutrice, pas vrai ?

    -Sui : Ouais ! C'est un métier difficile et très dangereux. Les exécuteurs sont ceux qui arrêtent ou tuent les Sanguinaires, après tout.

    -Sawa : Les Sanguinaires hein... l'hôpital est rempli de blessés à cause d'eux. Ils sont de plus en plus actifs, en particulier à Tokyo.

    -Sui, irritée : Oui, j'en ai entendu parler... il faut qu'on fasse très attention. Ces sales monstres... je les déteste plus que tout.

     Sawa regarde son amie, sans savoir quoi lui dire. Les parents de Sui sont morts à cause de ces monstres, alors sa haine envers eux est justifiée. 

     Les Sanguinaires. Ce sont des monstres à l'apparence humaine. Certains ressemblent parfaitement aux humains, et peuvent donc vivre auprès d'eux, sans éveiller les soupçons. D'autres présentent des attributs que les humains n'ont pas, ce qui les rend donc facilement détectable ; queues, ailes, cornes, écailles, et d'autres. Aujourd'hui encore, les scientifiques tentent de savoir d'où viennent ces créatures, qui ont en eux du sang pourtant humain.

     Les seules personnes pouvant combattre ces créatures, sont les Exécuteurs. Durement entraînés au combat, ils connaissent les points faibles de ces monstres, et savent comment en tirer profit. Leurs armes sont également très puissantes, puisqu'elles sont faites à partir de gênes de Sanguinaire. 

     Cependant... les Sanguinaires ne sont pas l'unique menace.

    ...

    ...

    ...

    -Sui : Je vais par là, Sawa ! A demain !

    -Sawa : D'accord, à demain, Sui !

     Les deux jeunes filles se séparent. La jeune fille rentre à l'hôpital, accueillie par quelques infirmières, dont une jeune femme avec un dégradé, aux cheveux roses bouclés, appelée Mary.

    -Mary, saluant la collégienne : Sawa, salut ! Tu viens de rentrer de l'école ?

    -Sawa : Oui ! Vous avez refait votre couleur, Koyaku-san ?

    -Mary, touchant ses cheveux : Oui, est-ce que ça me va bien ? J'adore cette couleur !

    -Sawa : Ça vous va très bien ! Ah ! Vous avez l'air occupée !

    -Mary, inquiète : Oui... les blessés n'en finissent pas, à cause des Sanguinaires... j'y retourne, passe une bonne soirée, Sawa !

     La collégienne, après avoir saluer l'infirmière, se dirige vers sa chambre. Elle décide de se changer, et de mettre des vêtements de ville, décidée à sortir un peu plus tard. Pour le moment, elle décida d'allumer la télé, et de voir les informations.

     Des images défilent, voyant quelques blessés d'un quartier voisin. Des témoignages de victimes, des menaces de mort envers les Sanguinaires, et également une vidéo montrant l'identité de l'un des monstres ayant causé la mort d'une dizaine de personnes. Un Sanguinaire avec trois queues bleues, et une cicatrice passant sur tout son visage. Son surnom est Tri Blue, et il semblerait faire partie d'une organisation de Sanguinaires au but encore inconnu.

     L'heure du repas étant arrivée, la jeune fille éteint la télé, et sort de l'hôpital, pour chercher quelque chose à manger. Elle traîne un peu dans le quartier, et mange tout en regardant le coucher de soleil. 

     La nuit tombe lentement, et la jeune fille s'apprête à retourner à l'hôpital. L'heure du couvre-feu approche à grand pas. Sur le chemin, elle aperçoit un magnifique chat noir aux yeux vairons, et son amour pour les animaux allait changer sa vie à tout jamais.

    -Sawa, s'accroupissant en tendant la main : Minou minou ! Approche... n'aie pas peur !

     Le chat la fixe dans les yeux durant quelques minutes, et finalement, décide de partir. La jeune fille, déçue, ne s'avoue pas vaincue, et suit l'animal. 

     Elle se retrouve dans une rue non loin de l'hôpital, et continue à suivre l'animal qui la dirige dans un cul de sac. La collégienne se rapproche encore un peu, mais est interrompue par un cri aigu, provenant d'une ruelle à sa droite. Finalement, le chat s'enfuit, et la fille se demande de quoi venait ce cri.

     Elle se dirige alors vers la petite ruelle à droite, en entendant des gémissements étouffés et des sons étranges qu'elle n'avait encore jamais entendue. Elle s'avance très lentement, ayant peur de voir ce qu'elle allait voir. Elle s'arrêta soudainement en voyant un liquide rouge sur les murs et le sol. Elle décide de sortir son téléphone en panique, et de composer le numéro des ambulances. Sa voix résonne dans la ruelle, et elle s'approche un peu plus de ce sang. 

    -Sawa : Ah...

     Un spectacle horrible se tient devant ses yeux. Une femme, allongée à terre dans son propre sang, les yeux grands ouverts.

    -Une voix d'homme : Allo ?

    -Sawa : Ah... ! Euh... je suis dans une rue du 11ème arrondissement... pas loin de l'hôpital... euh... il y a... une femme... et du sang...

    -Une voix d'homme : Cette femme respire-t-elle encore ? Il y a une autre personne dans le coin ?

    -Sawa, tremblante : Non... elle est morte... il n'y a personne d'autre...

    -Une voix d'homme : Ne bougez pas, je vous emmène une ambulance !

     Elle raccroche, et ses jambes flageolantes ne tenant plus, elle tombe à terre, choquée par une scène aussi horrible. 

    (Ce doit être un Sanguinaire. Il ne doit pas être très loin non plus... je devrais retourner à l'entrée de cette rue pour attendre les secours... mais mes jambes...)

     Alors qu'elle est perdue dans ses pensées, elle entend un craquement venant de derrière. En tournant la tête, elle aperçoit alors une magnifique femme blonde, du sang tachant ses mains et son visage, un long sourire sur ses lèvres. A ce moment là, le sang de la collégienne ne fait qu'un tour.

    -La femme : Mais c'est mon jour de chance !! Une autre humaine ♥

     La collégienne fait un effort pour se relever, et recule de quelques mètres, loin de la Sanguinaire. 

    -Sawa : C-c'est toi... qui a fait ça... ? C'est horrible...

     La femme s'avance, et s'approche de la jeune fille paniquée.

    -Sawa : N-n'approche pas ! 

    -La femme, heureuse : Fufufu ~ de quelle manière je vais te tuer ? Ahhh, et si je plantais ma main dans ta poitrine, à la recherche de ton coeur ? Je l'exploserais comme ça ! BOUUM !! HYAHAHAHAHAHAHAHA !!!

     Elle se met alors à courir, à la recherche d'une issue, et d'une aide, quelqu'elle soit. Cependant, elle s'essouffla rapidement, à cause de son faible coeur. Le sport lui était interdit, tout comme n'importe quel léger effort physique. La panique qu'elle ressent à cet instant ne lui permet même pas de pouvoir respirer convenablement. Son coeur n'allait pas le supporter.

     Elle sent son organe vital se déchirer, frappant tellement fort dans sa poitrine, qu'il pourrait s'échapper à tout instant de son corps. Elle commence à avoir mal, et épuisée, elle trébuche, se retrouvant à terre. Elle entend des bruits de pas approcher, et les rires de la femme. Elle se redresse, et se retrouve face à elle, en tenant son coeur faible avec ses deux mains, comme pour le protéger.

     Cinq queues sortent du bas du dos de la femme. Des queues pointues et aiguisés comme des lames. 

    -La femme, riant seule : On m'appelle «la bouchère». Tu veux savoir pourquoi ?

     Silencieuse, la collégienne recule, effrayée.

    -La femme, devenant folle : PARCE QUE J'ADORE TRANSFORMER LES HUMAINS EN SOUPES, APRES LES AVOIR OUVERT COMME DES PETITS PORCIDÉS !!!!!

     A ces mots, une des cinq queues vint se planter dans la jambe droite de la collégienne, qui hurla de douleur en tombant à terre.

    -Sawa : AAAAAHHHHH !!!!

    (Ma jambe... j'ai peur... à l'aide !)

    Alors qu'elle gémit de douleur tout en tenant sa jambe, la deuxième queue se plante dans son genou gauche. Elle hurle à la mort, et sa jambe gauche se sépare en deux sous le coup de l'impact. 

    -Sawa : AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARRRHHHHHHH !!!! 

     Des larmes défèrlent sur ses joues, ne supportant pas une douleur aussi atroce. Une véritable torture. A cet instant, elle souhaite que son coeur lâche immédiatement, pour lui permettre de partir sans douleur supplémentaire.

    (Je vais mourir... je vais mourir... !)

    -La femme : Petit porcidé ~ ne t'inquiète pas, il en reste encore trois, et ce sera fini !

     C'est ainsi que la troisième queue se plante dans son abdomen, du sang giclant un peu partout au sol. Son cri de douleur fut plus étouffé. Elle serre les dents, et se mord les lèvres au sang, demandant à Dieu de mettre fin à sa vie ici-même. Elle faillit s'évanouir, mais la femme blonde planta sa quatrième queue dans la gorge, ce qui l'empêcha de tomber inconsciente sous le coup d'une atroce douleur supplémentaire.

    -Sawa : .... 

     Elle se noie dans son sang. Ses yeux bleus se grisent, devenant des yeux de poissons morts. Elle devient blanche comme un linge, et sa vision est trouble, embrouillée, et floue. Elle a de longs bourdonnements dans les oreilles, et sa tête est lourde.

    (Je veux mourir... je vous en supplie, tuez-moi...)

     Les quatres queues soulèvent la jeune fille en l'air, multipliant la douleur de ses membres à l'infini. La cinquième queue se plante finalement dans son coeur.

     A cet instant, elle ne put s'empêcher de sourire, soulagée de pouvoir enfin partir d'ici, loin de la douleur.

    -La femme, folle de rage : Ce n'est pas assez... ce n'est pas assez... ce n'est pas assez... CE N'EST PAS ASSEZ CE N'EST PAS ASSEZ CE N'EST PAS ASSEZ CE N'EST PAS ASSEZ CE N'EST PAS ASSEZ ENCORE ENCORE ENCORE ENCORE ENCORE ENCORE ENCORE ENCORE ENCORE ENCOOOOOOOOOOOOOORE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

     La femme ne garde que la queue transperçant l'abdomen, et plante toutes les autres dans son coeur, encore et encore, réduisant l'organe en bouillie. En soupe.

    La fille était déjà morte, et lorsque la femme s'en rendit compte, elle claqua de la langue, irritée par autant de facilité à mourir. Finalement, elle jeta le corps au sol, et s'échappa en entendant le son des ambulances.

    Chapitre 01


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  • CHAPITRE 02 : «Je n'y crois pas»

    (J'ai froid... j'ai froid... je suis glacée... qu'est-ce qu'il se passe... ?)

    -Une voix de femme : Vous êtes sûrs que c'est une bonne idée, de faire ça ?

    (.... ?)

    -Une voix d'homme : C'est le seul moyen de la sauver. Injectez lui le sang !

    (Sauver qui ?)

    -La voix de femme : Il pourrait y avoir des tas d'effets secondaires... ça pourrait ne pas la sauver !

    (Est-ce que je suis en train de rêver ?)

    -La voix d'homme : Faîtes ce que je dis ! Injectez-lui le sang !

    (Je suis morte, n'est-ce pas ?)

     

    ...

    ...

    ...

     

    Dans une chambre d'hôpital, une jeune fille est allongée sur le lit, avec un masque respiratoire, et des tas de tubes reliant son corps à une machine. Deux autres filles sont assises à côté du lit, sur des fauteuils. 

    -Kaori, dépitée : Sawa... réveille-toi...

    -Sui : ...

    (... je suis ... vivante ?)

    La collégienne ouvre doucement les yeux. La première chose qu'elle voit, c'est du blanc. Un blanc qu'elle ne reconnaît que trop bien, puisqu'il s'agit d'une chambre d'hôpital, dans une desquelles elle a toujours eu l'habitude de vivre.

    -Kaori, paniquée : Elle... elle s'est réveillée, Sui ! Elle s'est réveillée !!!

    -Sui, soulagée : Sawa !! Dieu soit loué... !

    A travers son masque respiratoire, la jeune fille tente tant bien que mal de parler.

    -Sawa : Les... filles...

    Kaori appuit sur le bouton servant à appeler les infirmières.

    -Sawa : Depuis... quand... ?

    -Sui : Tu es encore faible, Sawa... ne t'inquiète pas, tout va bien ! Les médecins disent que tu n'as rien de grave !

    (J'ai mal partout... je ne me souviens de rien. Est-ce que c'est mon coeur qui s'est affaibli ? Je sais bien que ma vie ne tient qu'à un fil depuis toujours, après tout)

    Une infirmière arrive dans la chambre, accompagnée du médecin de la jeune fille.

    -Le docteur : Je suis content de te voir réveillée, Sawa. Il s'adresse à l'infirmière. Son état s'est stabilisé, alors enlevons lui son masque.

    -L'infimière : Oui, monsieur.

    Le masque respiratoire de la jeune fille est enlevé, et l'infirmière l'aide à se redresser.

    -Kaori, nerveuse : Hum... elle est hors de danger, n'est-ce pas ?

    -Le docteur : Oui. Elle doit seulement reprendre l'habitude de marcher et d'utiliser à nouveau ses membres, après une aussi longue période d'inactivité.

    -Sawa, encore un peu endormie : Depuis combien de temps... ? Que s'est-il passé, au juste ? C'est mon coeur ?

    -Sui, hésitante : On peut lui dire, docteur... ?

    -Sawa : Me dire quoi ...?

    -Sui, attendant sa réponse : Eh bien... Le docteur hoche la tête. Sawa.. ça fait 1 an.. 1 an que tu es dans le coma.

    A ce moment là, Sawa croit tomber dans le vide, et s'écraser. Sa tête se met à tourner, et elle ose à peine produire un son.

    -Le docteur : Tu as eu un léger accident, et ton coeur n'a pas pu le supporter sur le coup. Mais il a été résistant ! Tu vas être en rééducation pour réapprendre à marcher et vivre. D'ici un ou deux mois, tu pourras entrer au lycée, et vivre normalement. Il s'apprête à partir avec l'infirmière. Les filles, je compte sur vous pour l'aider à se rétablir ! Ils partent.

    -Sui : Évidemment !! Comme on est censées être dans le même lycée, j'ai pris tous les cours pour toi !

    -Kaori : Je suis dans un lycée privé un peu éloigné, donc je ne pourrais pas faire grand chose... mais je tenterais de passer souvent ! En plus c'est les vacances d'été...

    (Les vacances d'été. 1 an. C'est comme si mon coma n'avait duré que quelques jours dans ma tête. Il y a 1 an, que s'est il passé ? Mon coeur a failli lâcher, mais... j'ai la sensation qu'il y a plus que ça. J'ai la sensation d'oublier quelque chose de bien plus important. Il y a eu autre chose ! J'en ai encore mal partout ! Mais... quoi ?)


    -Sui : Sawa ?

    -Sawa : Ah, oui. Merci les filles.. vraiment. Je suis désolée pour tous les problèmes que je vous apporte...

    (A cause de ce stupide coeur faible)

    -Sui : Mais non, t'inquiète pas ! Tu seras tellement contente quand tu verras les uniformes de Koto ! Ils sont graaaaves cool !

    (J'aurais déjà dû les voir. J'aurais déjà dû les porter. J'aurais déjà dû être lycéenne)

    -Kaori : On pourra passer beaucoup de temps ensemble, je n'ai rien prévu pour ces vacances d'été !

    (Sur deux vacances d'été, je n'en passe qu'une seule, et pour faire quoi ? Pour apprendre à marcher... !)

    -Sui, inquiète : Sawa, tu es sûre que ça va ? Tu as l'air un peu... enfin, je suppose que c'est normal...

    -Kaori : Tu veux qu'on te laisse un peu ?

    -Sawa, reprenant conscience : ... je suis désolée. Je vous avoue que j'aimerais être un peu seule pour le moment. Je... j'ai encore du mal à y croire.

    -Sui : Oui, le contraire aurait été surprenant ! Je te laisse tes cours ici, si jamais tu as envie de réviser pour ta rentrée. Tu as ton portable, pas vrai ? N'hésite pas si tu as besoin de parler, on viendra rapidement !

    -Kaori : Oui, on te connaît, tu es du genre à ne pas vouloir embêter les autres... mais tu ne nous embêtes pas du tout !!! D'accord ?

    (Elles sont des amies vraiment exceptionnelles...)

    -Sawa : Merci. Je vous appelerais très vite !

    Les deux lycéennes partent, et referment doucement la porte derrière elles. Sawa est maintenant seule dans son lit d'hôpital, déjà plongée dans ses réflexions. Elle décide de se mettre un peu debout. Elle met de côté sa couverture, et commence à s'asseoir sur le lit. Sa tête se met à tourner légèrement. 1 an passé allongée laisse des marques, c'est bien normal.
    Se sentant mieux pour la prochaine étape, elle pose un pied sur le sol, puis l'autre. C'est froid. Elle frissonne. Cela faisait 1 an qu'elle n'avait pas senti le froid du sol sous ses pieds nus.

    Frustrée et en colère contre le temps, elle décide de marcher comme elle l'a toujours fait. Comme si 1 an pouvait changer tant de choses concernant son propre corps ! Elle prend de l'élan avec l'appui du bord de son lit, et décide de se lever d'un seul coup et de marcher.

    Elle fait 3 ou 4 petits pas maladroits, avant de perdre l'équilibre, et de tomber au sol en arrière.

    -Sawa, frustrée : C'est une blague !

    Elle se relève, se remet à marcher, et retombe. Elle serre les dents, et répète la même chose. Elle se mord les lèvres de frustration, et au fur et à mesure qu'elle répète ces actions, des larmes commencent à couler sur ses joues, tandis qu'elle est assise au sol, dans un coin de la chambre.

    (Je n'y crois pas. Je n'y crois pas. Je n'y crois pas. Je n'y crois pas ! JE N'Y CROIS PAS !)

    Elle essuie ses larmes avec son bras.

    (J'en suis certaine. Ce n'est pas seulement mon coeur qui a lâché. Et même si c'était le cas, quel «accident» a causé ça ? Était-il seulement aussi petit que le docteur l'a dit ?)

    Elle regarda la paume de ses mains, et les appuya sur son coeur, l'une sur l'autre.

    (C'est étrange. J'entends les battements de mon coeur différemment. Le docteur me l'aurait dit si j'avais eu une greffe cardiaque, pas vrai ? Non, j'ai bien le sentiment qu'il s'agit toujours de mon coeur, mais quelque chose cloche ! Et ça me rend folle de ne pas savoir quoi !)

    Elle se passe les mains sur le cou, l'abdomen, et ses jambes.

    (Ces endroits me font atrocement mal, de temps en temps. C'est comme si je recevais un choc électrique à ces parties toutes les deux minutes. Je me suis faite renverser par une voiture, ou quelque chose comme ça, peut-être... ? Je dois demander les détails aux médecins !)

    Décidée, elle se relève en prenant appui sur le mur. Elle se déplace à travers la chambre jusqu'à la porte, en s'attachant à toutes les choses proches qu'elle peut trouver. Elle l'ouvre, et se rend dans le couloir.

    Personne.

    C'est étrange, car il n'est que l'après-midi, et à cette heure-ci, il y a beaucoup de visites et d'infirmères qui passent dans ce couloir. Elle se dirige alors prudemment vers le bureau le plus proche, celui de son docteur, à l'autre bout du couloir. Elle toque doucement, et elle entend un petit «entrez». Ce qu'elle fait.

    -Le docteur, se levant en panique : Sawa ! Qu'est-ce que tu fais debout ? Tu dois te reposer, toi et tes jambes...

    -Sawa, sarcastique : Je pense que je me suis suffisamment reposer...

    -Le docteur, s'approchant d'elle : Tes jambes ont du mal à s'adapter à la gravité, et à tenir debout. Tu as besoin de faire ça doucement et progressivement.

    -Sawa, impatiente : Docteur, je veux... je veux savoir ce qu'il s'est passé, très concrètement. Je me réveille, et on m'apprends que ça fait 1 an que je dors. Je veux savoir de quel genre d'accident j'ai été victime !

    Le docteur soupire doucement, avant de regarder sa patiente dans les yeux.

    -Le docteur : Tu t'es faite renverser par une voiture, sur le chemin du retour à l'hôpital.

    (C'est donc ça... ?)

    -Le docteur : Tu dois être désorientée, et c'est tout à fait normal que tu veuilles connaître la raison de ton coma. Sois forte, d'accord ? Ton coeur n'aura plus de problèmes.

    -Sawa : Comment ça... ?

    -Le docteur : Tu es guérie, Sawa ! Après tes 2 mois de réeducation, tu pourras vivre normalement. Tu pourras enfin courir !

    -Sawa : ... c'est vrai ? J'ai eu une greffe cardiaque, alors ?

    -Le docteur, se mettant dos à Sawa : Pas tout à fait... tu es juste guérie. C'est le principal.

    La conversation se termine sur ces mots, et la jeune fille fut raccompagnée à sa chambre par une infirmière. Elle n'était pas totalement convaincue par les paroles du docteur.

    La nuit tombe, et il s'agit de la première vraie nuit de Sawa, en 1 an.

    Une nuit... étrange.


    La jeune fille se retrouve dans une ruelle, pas loin de l'hôpital.

    Elle est allongée, les yeux grands ouverts, sur le sol sale.

    Il y a un grand soleil au dessus, mais elle a froid.

    Elle ne sent absolument plus rien.

    Elle ne respire même pas.

    Elle ne bouge pas.

    Tu es morte.

     

    -Sawa, se réveillant en sursaut : AAH !

    Le matin est là. Tandis que la jeune fille vient de se réveiller en sursaut, une infirmière toque et entre, en lui apportant le petit déjeuner. Sawa se met soudainement à sourire.

    -Sawa : Koyaku-san !

    -Mary, dirigeant la table roulante au dessus du lit : Coucou, Sawa ! Tu as faim ?

    -Sawa : Oui, je meurs de faim...

    -Mary : Quand j'ai appris que tu t'étais réveillée, hier, j'étais contente ! J'avais envie de venir te voir, mais le docteur me l'a interdit. Tu venais de te réveiller, après tout !

    -Sawa, se rappelant du couloir vide d'hier : D'ailleurs... il y avait quelque chose, hier ? Le couloir était vide.

    -Mary : Eh bien, tu es dans un service un peu particulier... il n'y a que toi, ici.

    -Sawa : Quel service ?

    -Mary : C'est un nouveau service assez spécial. Je ne sais rien à propos de ça, à vrai dire...

    La jeune fille se demande alors de quel genre de service il peut bien s'agir. Elle décide néanmoins de demander autre chose.

    -Sawa : Dis, Koyaku-san... tu sais ce qu'il s'est passé ? L'accident que j'ai eu ?

    -Mary, hésitante : Hum... c'est... un accident de voiture, non ?

    -Sawa, inquiète : ... Koyaku-san ?

    -Mary : Je suis désolée. Le docteur m'a demandé de répondre ceci, si tu me posais la question. Je... j'ai entendu parler d'autre chose, cependant. Il y a une rumeur qui circulait, mais je ne pense pas que ça ait un rapport avec toi. C'est impossible, en tout cas !
    -Sawa : Quelle rumeur ?

    -Mary : Eh bien, on raconte qu'il y avait eu un meurtre, pas loin de l'hôpital. De la part d'un Sanguinaire, évidemment... une femme est décédée. Mais l'un des ambulanciers à dit à une infirmière qu'il y avait eu une deuxième victime, une collégienne, qui est également décédée. Elle serait celle qui avait appelée de l'aide après avoir trouvé le corps de la femme. C'est une rumeur qui circulait entre les infirmières...

    -Sawa, mal à l'aise : C'est étrange de ne pas savoir s'il y avait une ou deux victimes, non ?

    -Mary, doucement : Ton docteur... le docteur Fubuki... a peut être caché la vérité aux yeux des autres. Il y a quelque chose de bizarre chez lui. Je ne lui fais pas vraiment confiance.

    -Sawa : Tu.. crois ? Il a toujours été mon docteur... pourquoi cacherait-il quelque chose d'aussi horrible ?

    -Mary : Je peux faire des recherches si tu veux.

    -Sawa : C'est vrai ? Mais Koyaku-san, tu ne vas pas avoir des problèmes... ?

    -Mary : Tu veux savoir ce qu'il t'est arrivé, n'est-ce pas ? Si j'étais à ta place, je serais pareille. Si le docteur Fubuki m'a dit de te dire que tu as été renversée par une voiture, c'est que ce n'est pas la vraie cause de ton coma. Qu'en dis-tu ?

    -Sawa, soupire : En fait, je suis vraiment soulagée. Je pensais que j'étais devenue parano... dans ce cas, j'accepte ton aide !

    -Mary : Parfait. Je ferais mes recherches, et je demanderais également plus de détails auprès de l'un des ambulanciers.

    C'est ainsi qu'une enquête dangereuse débuta.


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